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Pourquoi les New-Yorkaises vont draguer au supermarché ?
J'ai une amie qui se remaquillait avant d'aller faire ses courses. » Sait-on jamais, si tu y vas après le travail, c'est l'heure à laquelle les célibataires y vont » . A New York, le supermarché bobo Whole Foods y a vu un filon. Mardi soir, celui de Houston Street, organisait sa première soirée pour célibataires.

Pas de courses de caddies entre les rayons comme je l'avais imaginé.
La soirée a lieu à l'étage. Des hôtesses distribuent des étiquettes
sur lesquelles elles écrivent prénoms et numéros.
Un peu plus loin, un panneau sur lesquels les inscrits se laissent des messages. »
14, you're hot ! » dit le premier d'entre eux.

» Ici c'est mieux pour rencontrer des gens, c'est moins bruyant que dans un bar » ,
m'explique Haley, 23 ans, pourtant installée à côté du DJ, qui passe James Brown à fond.
Des hôtesses distribuent des échantillons de glace pour la briser.

C'est quand même pour des occasions comme ça qu'on a inventé l'alcool, mais la loi new-yorkaise interdisant de vendre des boissons alcoolisées dans les supermarchés, il n'y a là qu'un serveur qui fait goûter des mélanges à mojito et à cosmopolitan, dans lesquels il n'y aurait plus qu'à rajouter de l'alcool.

Deux millions de New-Yorkaises célibataires

Les participants arrivent par dizaines, ou plutôt les participantes. New York compte effectivement deux millions de femmes célibataires pour un million et demi d'hommes célibataires. Cela en fait, selon le démographe Andrew Beveridge, le plus grand supermarché à célibataires des Etats-Unis.

Pourquoi autant de femmes célibataires ? Déjà parce que les New Yorkaises n'ont pas le même profil que les femmes qui vivent dans le reste des Etats-Unis, m'explique Andrew Beveridge. A Manhattan, les deux tiers des femmes âgées de 25 à 64 ans ont fait quatre ans d'études supérieures
(dans le reste des Etats-Unis c'est un tiers).

Or les femmes diplômées sont statistiquement moins souvent des femmes mariées.
Notamment parce qu'elles sont plus diplômées, les New-Yorkaises de 20 à 30 ans gagnent plus que les New-Yorkais. » Elles ont les moyens de vivre seules. »

Sur le tableau, quelqu'un a écrit : » Où sont les mecs ? »

Le sentiment d'abondance de rencontres que donne New York est donc complètement trompeur,
à en croire un groupe de copines venues en bande au supermarché. L'un d'elles m'explique que »
dans Sex and the City, la seule chose fidèle à la réalité, ce sont les chaussures » .

Ce soir-là, chez Whole Foods, le ratio n'est pas d'1,4 femme par homme, mais plutôt de sept pour un. »
Pas étonnant, c'est un supermarché, pas un stade » râle Harlie, 27 ans. »
Les supermarchés bios, c'est comme les musées, les librairies et les opéras,
il y a peu d'hommes et si vous en voyez ils sont probablement gays » ,
ajoute Julia, en jolie robe rouge.

» Mais bon, ici, dans le pire scénario, j'aurai fait mes courses » ,
dit-elle en raclant le fond d'une assiette d'échantillons de chocolats.
Sur le tableau de l'entrée, en énorme, une main a rajouté au marqueur » Où sont les mecs ? »

Pour les femmes comme pour les confitures, trop de choix tue le choix

Dans ces conditions, les rares hommes présents devraient sortir le caddie plein de conquêtes. Pas du tout.
J'ai vu Greg parcourir le supermarché, jetant des coups d'œil sur les femmes qui l'entouraient. » Je ne sens pas d'étincelles là, pas d'étincelles là non plus. » Max, ingénieur système, était assis à une table loin de tous. »
C'est trop intimidant, le nombre de femmes, je serais plus à l'aise s'il y avait plus d'hommes. »

Tout cela m'a rappelé une phrase du comédien Jerry Seinfeld qui expliquait pourquoi il s'était marié si tard : » Le problème de New York, c'est que vous ne quittez jamais le magasin. » Cette idée est encore mieux développée dans un livre de psychologie publié récemment, » The Paradox of Choice : Why More is less » ( » le paradoxe du choix, pourquoi plus c'est moins » ).

L'augmentation du nombre d'options est en fait un handicap.
Vous n'arrivez pas à vous décider, et quand vous le faites,
vous vous dites que vous avez fait le mauvais choix.

deux exemples quand le choix démotive .
D'abord une vente de pots de confitures dans une épicerie fine. Dans un premier cas, les clients du magasin pouvaient goûter six pots de confiture.
Dans le deuxième, ils pouvaient en essayer goûter vingt-quatre.
Résultat : 30% des goûteurs sont repartis avec un pot quand ils avaient le choix entre six,
et seulement 3% quand ils pouvaient choisir entre vingt-quatre.

Autre expérience cette fois avec des étudiants à qui on demandait de goûter des chocolats et de leur donner des notes. En compensation, ils pouvaient, au choix, être payés ou recevoir des chocolats.
Non seulement les étudiants du premier groupe ont mieux noté les chocolats, mais ils étaient aussi quatre fois plus susceptibles de repartir en demandant des chocolats que de l'argent.

Autrement dit à New York, plus il y a de célibataires, plus il y a de célibataires. Avec 3 millions et demi de célibataires en liberté, cela fait beaucoup trop de pots de confiture, et au final, aucun ne sort du magasin.







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